Aujourd’hui je me réconcilie avec la vie. Comme moi, vous avez tous en mémoire ce jour où, par manque de choix, d’inspiration ou simplement de veine, vous aviez commandé un panini, en France. Du pain industriel insipide, de la tomate farineuse et fadasse, de la mozzarella morne et mollasse, le tout grillé pour tenter de dégager une quelconque odeur ou saveur. Ce jour de pluie où vous aviez failli avaler de l’aluminium collé, où votre estomac est devenu neurasthénique et vos papilles accablées. Oui, vous vous souvenez de ce jour où vous hésitiez à le finir puis à le jeter, et où vous l’aviez fini par dépit en vous disant que plus jamais, plus jamais, le panini c’est fini ! Et bien aujourd’hui, je suis en Italie, et la déprime du panini, c’est fini. Déjà on ne dit pas un panini, on dit un panino. Et puis en fait c’est juste un sandwich. Mais pourquoi en France, alors qu’on fait par ailleurs de très bons sandwichs, on s’est mis en tête de faire un truc qui ne ressemble à rien et qu’on a appelé panini pour rendre le truc exotique ? Les italiens doivent s’en retourner dans leur botte.
Je suis en Italie, à Bologne, où je suis agréablement surprise par la ville. Assez peu de touristes en dehors des sentiers battus, pas trop de monde, de jolis quartiers, et, vous savez où je vais en venir, une bonne bouffe. Déjà, petit point de culture générale : à Bologne ne commandez pas de spaghetti bolognaise. Vous aurez l’air d’un con doublé d’un bouseux parce que ça n’existe pas. C’est encore une usurpation des français qui se croient tout permis. À Bologne, on mange des tagliatelle al ragu. Les pâtes sont fraîches, et la sauce est différente de celle qu’on trouve généralement en France. Et c’est très très bon.
Je me pose dans un minuscule restaurant, choisi presque au hasard. Les clients sont nombreux et contents, la vitrine est superbe et le restaurateur est accueillant. Bonne pioche ! En Italie, le panini sait être festif, flamboyant et savoureux. Vous avez le choix entre moult charcuteries, fromages, sauces et même différents pains ! Je choisis un panino à la pancetta, au pecorino (fromage de brebis) et à la sauce aux noix. Je le partage avec mon acolyte qui choisit celui à la mortadelle à la pistache, brie et artichauts. Ici on a affaire à de la gastronomie. Les produits sont d’excellente qualité et préparés avec soin. Chaque goût est dosé et assemblé dans une vraie harmonie. J’accompagne les sandwichs d’une cedrata, une boisson verte fluo au sirop de cèdre. C’est hyper sucré mais c’est pas mauvais, et je n’en vois jamais en France. Et si vous vous posez la question, le nom du restau se prononce panotto, à l’italienne ! Salute !
