Aujourd’hui, on me demande d’aller tester par procuration le Matcha Parfait (抹茶パフェ) de Gion Tsujiri (祇園辻利), alors je ne me fais pas prier. Déjà, il faut savoir qu’à quelques mètres, une autre boutique propose un parfait quasi identique à renfort de panneaux énormes, donc j’ai bien failli tomber dans le panneau et me tromper d’endroit. Mais j’ai bien regardé les kanji, et ce n’était pas les bons, donc j’ai continué mon chemin. J’arrive donc devant Gion Tsujiri, salon de thé très réputé, tellement que je dois faire la queue. L’attente commence en bas d’un petit escalier en bois, où l’on me tend un oshibori (serviette humide blanche) qui a la bonne idée d’être glacé (c’est traditionnellement chaud). J’imite la dame japonaise derrière moi en m’humidifiant doucement le visage et la nuque. Arrivée à la moitié de l’escalier, je rends l’oshibori, et on me tend le menu que je scrute longuement. Des pages et des pages de mets délicieux qui n’attendent que d’être mangés. Heureusement qu’on m’a missionnée pour goûter un dessert en particulier, sinon je serais encore là bas en train d’hésiter.
Bien que seule, on m’installe confortablement à une table prévue pour quatre personnes. Je suis à côté des cuisines, et je vois passer les serveuses chargées de sublimes coupes à dessert. On me laisse le temps de parcourir à nouveau le menu (on m’en tend aussi un anglais au cas où) et on m’offre un thé vert frais à la douce amertume. À peine une minute après avoir pris ma commande, mon parfait arrive sur un petit plateau, accompagné d’un thé noir, d’une cuillère dentelée et d’une serviette. Il porte bien son nom, le tableau est parfait. Conforme à la photo du menu, il n’y a rien qui dépasse. De la mousse au matcha sur le dessus, jusqu’aux cubes de gelée au thé vert tout au fond, tout est appétissant. Je me régale, rien qu’à l’observer.
Au sommet, de la crème fouettée au matcha, des marrons et des cubes de gelée au thé vert. J’entame un tout petit morceau de crème. C’est juste divin. C’est mousseux, mais ferme, c’est doux mais pas trop sucré. J’essaie de piocher autour pour garder un peu de crème pour la fin, et mon stratagème fonctionne, la crème se tient bien (j’avais la même technique quand je mangeais des viennois quand j’étais petite). Je teste un cube de gelée au thé vert, et c’est aussi très bien dosé entre l’amertume et le sucré. C’est vraiment très frais et fondant. Le marron est étonnant, j’ai l’habitude de voir de l’azuki (haricots rouges) associé avec le matcha, mais pas des marrons. Il est peu farineux, peu sucré et tendre. La couche en dessous est composée de pâte d’azuki de deux sortes : tsubuan 粒餡 (les haricots sont entiers) et koshian 漉し餡 (les haricots sont broyés). Les deux sont délicieux, mais on prêche une convaincue. Puis de la glace au matcha et de la gelée au thé noir. La glace est plus sucrée que le reste, et se marie bien avec la gelée qui est gentiment amère. Enfin, de la glace à la vanille, et tout au fond à nouveau de la gelée au thé vert avec du sirop assorti. J’avoue, moi qui suis la personne la plus gourmande que je connaisse, avec un estomac extensible à l’infini et au delà, j’ai eu du mal à finir. J’ai eu tort de considérer qu’il s’agissait d’un dessert. C’est aussi copieux qu’un vrai repas. J’ai pris le temps que je voulais pour déguster, prendre des photos, et même travailler mon japonais, et je n’ai jamais été pressée par le personnel pour laisser ma place. Le Tsujiri Parfait coûte 1178yen, environ 10 euros. C’est cher pour une glace, mais ça en valait vraiment la peine, c’était parfait. Une seule question me taraude. Maintenant que j’y ai goûté, comment je vais faire pour ne pas y retourner ? (merci Marie!)
