Aujourd’hui je me la pète. Je pars en week-end à Metz et je choisis évidemment l’hôtel le plus cher de la ville. J’ai bien regardé d’autres gîtes, et bed & breakfast, mais on ne se refait pas. Le luxe c’est comme les kakis, une fois que j’y ai goûté, je ne peux plus m’en passer. Petits chocolats sur l’oreiller, lit démesuré, chaussons et peignoirs moelleux, énorme baignoire et produits de beauté : je crois que je vais être bien.
Pour rester dans le thème de l’opulence, je passe la journée au spa. Entre le sauna, le hammam, les bassins intérieur/extérieur et les massages, la journée est difficile. Alors de retour à l’hôtel, je choisis de ne pas ressortir pour dîner. L’hôtel est justement fourni avec son restaurant gastronomique et sa brasserie. Le premier étant fermé, je jette mon dévolu sur la brasserie qui n’a pas l’air de dénoter avec le faste du lieu. Tables en alu brossé, sets en cuir et murs végétalisés, on n’est pas dans le PMU de pépé.
Alors que je n’en raffole pas vraiment, je me laisse tenter par un cocktail au champagne pour achever ma snobitude. Mélangé à du cointreau et à d’autres notes d’agrume, il m’achève en fait complètement. Je grignote du délicieux beurre sur de la mie dodue pour éponger un peu. Sur le menu, chaque mot a une majuscule : « Le Hamburger Frites par Christophe Dufossé ». Ah ouais, ça en jette là. Ma frite elle va me faire le cul qui brille. En entrée, je choisis le ceviche de daurade, avec pickles de légumes, vinaigrette à la mangue et piment d’Espelette. Je ne sais jamais comment on prononce cette saloperie de mot, alors je le dis comme ça s’écrit. « Un sévit’ché pour madame » dit le serveur en complet-veston. Voilà donc maintenant je sais. C’est super frais avec des petites herbes, des radis et de la vraie mangue mixée. Mon binôme prend un velouté de céleri parfumé à l’huile de noisette et crumble de châtaignes qui est encore meilleur. C’est hyper doux et onctueux, et comme dehors il fait frisquet, c’est plus adapté que mon entrée de cagole à la plage.
Le plat est aussi excellent : parmentier de joue de bœuf confite basse température. Pardon. Le Parmentier de Joue de Bœuf Confite Basse Température. Écrit comme ça c’est encore meilleur. Le complet-veston me prévient qu’il ne s’agit pas d’un parmentier traditionnel avec de la purée, mais plutôt d’un espuma de pomme de terre fait avec un siphon. Je ne sais pas s’il a démasqué mon origine prolétaire ou si c’est le mélange spa/champagne qui me donne l’air ahuri, mais il insiste bien sur la texture qui risque d’être légèrement liquide. Oui, la picarde que je suis se remettra de manger de la patate sous une autre forme qu’en étouffe-chrétien. C’est ma dernière bafouille, je valide le parmentier. Et c’est youpi. La viande est juste délicieuse avec sa sauce qui se mélange à la purée très légère, saupoudrée de noisettes torréfiées. Je fais honneur à la copieuse cassolette. Mon binôme fait moins le malin devant son Filet de Canette aux Couleurs d’Automne. Il y a masse viandasse ! C’est cuit à la perfection et accompagné de bonnes figues et de jus réduit au livèche. Je ne peux même pas l’aider à finir, j’ai déjà bien à faire avec mon plat.
Après ça, j’insiste quand même pour prendre un dessert. Il y a un Éclair Façon Paris Brest à la carte et je ne peux absolument pas louper ça. Avec le Paris Brest nous avons une longue histoire d’amour et je suis toujours en quête de celui que j’élirai comme le meilleur. Une pâte à choux aérienne, une crème au fort goût praliné à la fois dense et mousseuse, des amandes effilées croquantes et légèrement torréfiées… Voilà, je bave en attendant la commande. Et je ne suis absolument pas déçue de l’attente. Certes, le Paris Brest n’a pas la forme de roue réglementaire mais je lui pardonne tellement il est divin. La pâte à choux est parfaite, la crème également. Il n’y a pas d’amandes effilées mais de délicieux éclats de noisettes. Et le clou du spectacle, il y a à l’intérieur de la crème, un rail de crème encore plus dense en pralin pour un double effet kiss cool. J’adoube ce Paris Brest, le meilleur de toute ma quête.
Je regagne mes pénates repue et satisfaite. Je remue mes orteils dans mes chaussons moelleux et je me dis que oui, je devrais me la péter plus souvent.
[…] je poursuis ma quête du Paris-Brest parfait. En décembre dernier j’avais élu celui de La Citadelle à Metz, meilleur de tous les temps. Vais-je changer d’avis ? Vais-je découvrir un nouveau gagnant ? […]