Aujourd’hui c’est 月見(Tsukimi). Même concept que le Hanami, sauf qu’au lieu de regarder les fleurs des cerisiers, on admire la lune (tsuki=lune, miru=regarder). La constante: on mange et on boit du saké! Pour l’occasion, je me rends au sanctuaire Kamigamo où un spectacle est organisé. J’arrive vers 17h30 et je suis les gens qui s’assoient sur des bancs placés devant le temple qui fera office de scène. S’ensuit une sorte de cérémonie d’ouverture avec des gens en tenue traditionnelle qui prient sur fond de flûte et de tambour. Je me croirais dans une messe catho, faut se lever, faut s’assoir, faut baisser la tête, faut taper dans les mains… Tout le monde s’exécute, c’est un peu flippant. Le speaker donne le programme au micro, et les gens se mettent tous à faire la queue derrière une tente. Dans le doute, je fais de même (au Japon, fais comme les japonais). Au bout de la queue, je reçois un bon pour un 月見団子 (Tsukimi dango)! Yeah! J’adore les dangos, c’est trop bon. Pour ceux qui ne connaîtraient pas bien leur leçon, un dango c’est une boulette de mochi, servie généralement par brochette de trois, avec de la sauce, ou pas. La distribution a lieu après le spectacle. Il y a de tout: des violonistes qui joue de la soupe (A Whole New World, Con te partirò…), un groupe avec une guitare électrique et une basse (c’est la première fois que je vois ça dans un temple!), une danse traditionnelle de ouf avec des dragons, une joueuse d’harmonica boring, et un groupe de papys stylés qui jouent et chantent de belles chansons en anglais (approximatif) et en japonais. A la nuit tombée, de grands feux sont allumés autour de la scène. C’est la fin, et tout le monde file se mettre en rang pour récupérer son précieux. La queue est bien longue mais ça défile vite. C’est mon tour! Je récupère d’abord la carte de visite de l’artisan des dango de ce soir. La boutique est sur Shijou (grande avenue commerçante au sud de chez moi), je vais pouvoir y faire un tour plus tard! Et une jolie jeune fille me donne un Tsukimi dango sur un papier. La boulette de mochi n’est pas lisse comme d’habitude, on voit encore des morceaux de riz. Et elle est enroulée dans du koshian (pâte de haricots rouges broyés et sucrés)! C’est trop mignon! Le dango enroulé dans sa couverture de koshian représente la lune, un peu cachée derrière les nuages. Ensuite, il y a un prêtre, avec une sorte de théière blanche, remplie de saké. Je vois une boîte dans laquelle on peut faire une offrande. Je me dis qu’après ce beau spectacle, et en pensant au goût du dango, c’est la moindre des choses de donner un peu d’argent. La boîte contient uniquement des pièces modestes de 1, 5 ou 10 yens. J’y dépose 100 yens (un peu moins d’un euro). Le prêtre me sourit, et de manière rituelle, incline trois fois sa théière. Puis, il m’en verse une coupe bien pleine! Le saké est trouble, presque blanc, et il sent bon. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai mis 100 yens, mais les autres en avaient beaucoup moins que moi! Il me dit que c’est bon, alors je goûte, et je lui dis que c’est très bon. Et il me dit que c’est peut être un peu fort. Et glou et glou j’avale toute la coupe, et je lui redis que c’est très bon! Lui et son assistante écarquillent les yeux en rigolant! Je leur rends la coupe, et je vais m’assoir avec mon dango. Et je me rends compte en observant les autres qu’en fait, j’étais sensée prendre la coupe avec moi et aller la siroter tranquillou après avoir dégusté le dango. Oups! Et hips! En effet, il est un peu fort ce saké! Le dango éponge un peu, il est délicieux. Je regarde une dernière fois la reine de la soirée, légèrement voilée par les nuages, et je rentre à vélo, dans la fraîcheur de la fin de l’été.