Aujourd’hui je me souviens pourquoi je vais généralement à Londres en semaine. Je suis à Portobello Road, au milieu du flot de touristes qui piétinent entre les étals des brocanteurs. Je sais exactement où je vais mais je me dis qu’avec ce monde, il n’y a aucune chance que j’aie une place. J’ai prévu de manger un authentique traditionnel English breakfast et je me prépare psychologiquement à devoir me rabattre sur autre chose. Ce qui est vraiment très cruel. Tous ces touristes inutiles qui saturent les espaces et mangent mon breakfast. C’est trop injuste. Mais je persévère. La rue reste bondée et mes espoirs de saucisse s’amenuisent. J’arrive quasiment au bout du marché et je prends une rue perpendiculaire. Juste en face du Notting Hill Book Shop, la fameuse librairie du film éponyme, se trouve ma destination : Mike’s Cafe. Le restaurant est plein, mais, une table se libère rien que pour nous. À moi beans et eggs ! Touristes, je vous pardonne et félicite votre ignorance. By the way, ce film a quand même 20 ans, il date de 1999, et des gens viennent toujours visiter et photographier la librairie. Faudrait que je le revoie, histoire de voir si Hugh Grant a toujours autant d’effet sur mes hormones, et si Julia Roberts a pris quelques centimètres de sourire en plus. En tous cas, moi je trouve ça très bien que la librairie détourne l’attention, ça me laisse plus de place pour manger. La serveuse épuisée s’assoit à table avec nous pour prendre la commande, à la bonne franquette. Le breakfast existe en deux versions, normale ou végétarienne et est complètement personnalisable (certains d’entre nous n’hésiterons pas à mettre trois œufs au plat dans leur assiette). Je prends la version normale avec saucisses et bacon. Et je fais l’erreur classique en répondant « No, thanks » à la question « Would you like some tea or coffee ? », alors que c’est inclus dans le menu. Je pousse même la loose à demander une explication sur les tinned tomatoes parce que je n’étais pas sûre de ce à quoi ça ressemblait. Et je vais encore plus loin en me ruant sur le menu quand l’un de mes acolytes commande un milkshake alors que je n’avais pas vu qu’il y en avait. Ce sera donc un English breakfast avec un milkshake à la banane. Parce que chacun sait que les milkshakes à la fraise c’est dégueulasse. D’ailleurs ça devrait être interdit de mélanger de la fraise et du lait, faut être un peu sérieux. On commence par nous apporter une montagne de pain de mie grillé et beurré. J’approuve. Le temps de mettre un nuage de lait dans mon thé et les assiettes gargantuesques arrivent. Tout est très bon, y a pas à tortiller du cul. Il n’y a rien de fin ni d’exceptionnel, mais c’est exactement ce qu’il faut, un bon plat copieux, gras, salé et sucré. Le milkshake est délicieux. Rien à voir avec celui du mac do qui est juste à gerber. Je ne l’ai même pas fini (et ça c’est extrêmement rare de ma part). Mike’s c’est une valeur sûre. J’y étais déjà allée en hiver où je m’étais régalée avec des fluffy pancakes recouverts de fruits frais et de sirop d’érable. Ils offraient aussi des marshmallows à faire griller dans la cheminée. Le ventre est plein mais j’ai déjà hâte d’y retourner. London, I’ll be back !
Sympa, ça donne une bonne idée du Mike’s Cafe et l’envie d’aller vérifier par soi-même que les clichés des français sur la bouffe anglaise sont… des clichés.