La Ciboulette

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Aujourd’hui j’assume ma beaufitude. Je me pointe dans un gastronomique, une étoile au Michelin, vêtue d’un jean qui a sué à vélo, d’un tee shirt rouge aussi élégant qu’une couverture d’OK Podium, et d’un pilou-pilou au cas où j’aurais froid. Je suis à Annecy pour mater des films et je n’ai pas emmené ma panoplie de starlette. Qu’à cela ne tienne, ça ne m’empêchera pas d’aller bouffer dans l’un des restaurants les plus classes de la ville. 14:00, j’appelle et on m’octroie la dernière table disponible, chance ! 19:30, le jeune serveur sourit nerveusement en rangeant mon sac à dos dégueulasse. La moquette épaisse rouge épouse parfaitement mes baskets bleues fluo. Nous sommes placés à l’entrée, ce qui offre une vue sur tous les autres convives : les producteurs américains bedonnants, les amoureux qui se bécotent, le vieux couple du coin, la tablée de riches copains, et les japonaises. Je confirme que je suis la plus mal habillée, et en plus j’ai décidé de faire de cette expérience un article pour mon blog. Alors à chaque fois qu’on m’apporte quelque chose, je dégaine mon portable, posé sur la table, complètement en accord avec l’argenterie et les verres hauts perchés. Des miroirs dorés aux murs me rappellent constamment ma dégaine.

Ce que mon estomac apprécie tout particulièrement dans ce genre de restaurants, ce sont les à-côtés, les petits plus qui ne sont pas au menu mais qui vont quand même le remplir (mon estomac, pas le menu). Par exemple, tout simplement, le beurre, servi dans son écrin argenté, que mon instinct beauf n’hésitera pas à tartiner en masse sur tout ce qui est tartinable. Mais aussi les mises en bouche, les bien nommées, gobées en trois temps (il y en a trois), avec une mention spéciale pour la verrine d’avocat et mousseline de crustacés. Le sablé au beaufort et sa crème de chèvre n’est pas mal non plus. Bon en gros, ça commence bien, tout est divin alors que le meilleur reste à venir. Le menu que je choisis s’appelle « Gourmandise » comme si le chef me connaissait déjà par cœur. Après la commande, une autre mise en bouche arrive. « C’est pas merveilleux ? » dit mon estomac. « J’ai peur. » répond mon foie. Pendant ce temps là ma bouche mâche gaiement et je fais des clichés de toute beauté. Beauté, c’est le mot, j’ai oublié d’enlever le filtre anti-boutons alors tout est à moitié flou. Un Chignin, vin du pays, est ouvert et repose dans son seau doré avec une petite serviette pour protéger sa pudeur. Maintenant je peux devenir toute rouge comme mon tee shirt et rigoler sottement.

Le carpaccio de langoustine de madame est servi. C’est une première pour moi, en tant que beauf j’ai davantage l’habitude des coquillettes au jambon, alors je me délecte de ce nouveau goût tout frais sur mes papilles. C’est légèrement assaisonné et accompagné de légumes croquants, mais on sent quand même très bien le goût fin du crustacé. Je goûte aussi évidemment à l’assiette de monsieur qui a commandé du foie gras avec une déclinaison superbe de rhubarbe : en compote avec de la fraise, cuite à l’eau sucrée avec de la cannelle, et en chips salé. Étonnamment, ça se marie super bien avec le foie gras.

La suite, la côte de cochon ibérique en croûte d’ail des ours et ses petits pois ressemble à une œuvre d’art. D’accord, les beaufs ne savent pas différencier un « Numéro d’Art » d’une toile de maître, mais wow, je suis bluffée. Non seulement l’ail des ours forme une croûte parfaitement uniforme sur la viande, mais en plus, les légumes sont mis en scène comme une île tropicale avec du sable en crème de petits pois, un rocher en artichaut, une branche de thym en guise de palmier… Clic clic, croc croc, miam miam. C’est délicieux, c’est juste cuit comme il faut et en plus, c’est copieux. Parce que c’est bien gentil les trucs jolis mais il faut aussi nourrir son beauf.

Pendant ce temps, un nouveau personnage entre en scène. Et en tant que beauf, je ne peux m’empêcher de le dévisager et même, le dévorer des yeux tellement il est séduisant, riche, et potelé : le chariot de fromages. Il se dandine, il a fier allure sur ses roulettes. Chaque client prend sa part et pourtant il a toujours l’air aussi garni. Je sais déjà que je vais vouloir tout goûter et avoir du mal à choisir. Je me dis qu’on est à Annecy, alors faisons la part belle aux fromages de région ! Soudain il s’approche. Ça y est, c’est notre tour ! Il se présente avec son beaufort, ses reblochons, son chevrotin, ses tommettes… Quasiment que des fromages du coin ! J’en prends cinq morceaux, posés dans mon assiette du plus léger au plus fort. Et j’arrive quand même à goûter en plus la fondante tommette au génépi dans l’assiette de monsieur. Tout ça avec du pain, sans cesse renouvelé, dont j’abuse évidemment. J’ai même l’indécence d’accompagner d’un peu de beurre le fromage le plus corsé. « C’est pas merveilleux ? » dit mon estomac. «J’ai mal. » dit mon foie. Et crounch crounch, je n’en laisse pas une miette.

Les desserts sont tellement magnifiques que l’espace d’une minute on n’ose pas y toucher. Mais une minute seulement, parce qu’il s’agit de chocolat et on ne rigole pas avec ces choses là. Une glace à la pistache, des cerises amarena, un cône feuilleté chocolaté, tout ça dans une sculpture aérienne magique. Je rote déjà mon reblochon fumé mais, qu’à cela ne tienne, je déguste tout ça jusqu’au bout.

Et ce n’est pas fini ! En guise d’adieu, on nous apporte un plateau de mignardises ! « C’est pas mervei… » dit mon estomac. « Ta gueule. » dit mon foie. Et hop, un macaron à la pistache, une panna cotta aux fruits rouges et un cannelé délicieux. Je suis à la limite du vomi mais je suis ravie, et je repars avec ma dégaine stylée et un ventre bien dodu vers d’autres aventures cinématographiques.

 

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