Bubbolitas

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Aujourd’hui je me repends. J’ai lourdement fauté. Pérégrinant dans le quartier de Beaubourg, je m’assois sur un banc d’une apparente innocence, sans soupçonner ce qui va suivre. Les chiens chient, les passants passent et les benêts bénissent. Tout va bien. Quand soudain, de douces odeurs viennent chatouiller mes narines. Ma curiosité étant piquée, et voulant savoir d’où vient ce délicieux nuage, j’en viens à scruter mon entourage. C’est alors que je me rends compte que mes congénères, ceux assis sur d’autres bancs près du mien, sont tous accompagnés de-ci, d’une boisson, de-là d’une part de gâteau : sans y prendre garde, je me suis assise sur le banc d’un marchand de bubble teas.

La surprise passée, je me dis que ce choix ne peut être que providentiel, et que je ne peux lutter contre le fruit du destin. Je me dirige alors vers le comptoir pour choisir ma pitance. Mon dernier bubble tea remonte au temps révolu du Japon et réveille en moi une douce nostalgie. Feus l’azuki, le matcha, le thé noir et le lait de soja. Mais mes yeux s’éclairent lorsque je lis les lettres sacrées du menu : m, a, t, c, h, a. Matcha. Ô Dieu Matcha, c’est donc vous qui m’avez conduite ici, à travers le dédale des ruelles de Châtelet pour vous rappeler à moi ! Le souvenir de vos bonnes grâces quasi quotidiennes en pays nippon ! A ce mot, je ne peux contenir ma joie et en un commandement, je reçois un bubble tea et un cheesecake au matcha. La pluie arrive sur Paris mais qu’importe, j’élis un autre banc sous un parasol. Je transperce l’opercule avec la sainte paille et communie goulûment avec le Dieu Matcha. Déferlement de plaisir et de calories dans mon gosier. Mais c’est avec le cheesecake que j’outrepasse les limites que dictent la vertu. Un cheesecake en trois phases : un lit de biscuit, une dense mousse de matcha, et une couche de crème avec une nuée de poudre de thé vert. Chaque bouchée est un supplice venu tout droit d’un esprit malin. Le gâteau prend le contrôle de ma main tenant la fourchette, et me force, bouchée après bouchée à l’avaler tout net jusqu’à disparition complète de la moindre miette. Ce gâteau a un pouvoir tel qu’il inhibe tout sentiment de culpabilité pendant qu’il est mangé, mais une fois disparu, la faute est là. Ô Dieu Matcha, pardon d’avoir abusé de ta magnificence. Je promets de ne plus tomber dans l’abîme d’un tel excès, mais ne regrette pas pour autant, d’avoir retrouvé la verte voie qui mène au Dieu Matcha.

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