Aujourd’hui, par hasard, dans une boulangerie de Kyoto, je tombe sur une madeleine de Proust. Vers 16h, pour me récompenser de n’avoir rien glandé de ma journée, je vais dans une boutique dans laquelle je ne suis allée qu’une fois, et qui s’appelle Grandir. C’est une boulangerie spécialisée dans les bagels. Il y en a des tonnes, des sucrés, des salés, et ils ont l’air assez bons. Je fais le tour tranquillement pour choisir mon goûter: des melon pan, des croissants, des trucs fourrés à la crème, des donuts… Une tarte aux pommes et noix caramélisée me tente plus que le reste. Je vais chercher mon petit plateau et ma pince pour me servir, quand j’aperçois quelque chose. Je me rapproche et regarde de plus près. Mais oui, c’est bien ça. Des pets de Bonneuil! Alors, n’allez pas sur Google, les pets de Bonneuil ça n’existe que dans la cuisine de ma grand-mère, qui habite à Bonneuil. Et dans celle de ma mère, digne successeur de la recette familiale. Les pets de Bonneuil, c’est un mélange de plusieurs recettes, entre le pet de nonne, le croustillon, le bunuelos… C’est unique et délicieux. C’est aussi sucré et très gras. Dans la boutique, les beignets s’appellent ベルラン (beruran). C’est écrit en katakana donc c’est un mot étranger, mais je n’ai aucune idée de ce que ça veut dire. Beruran… Bell run? Une cloche qui court? J’en prends deux, pour la science évidemment, un très cuit, et un autre moins. Je rentre chez moi en me pourléchant les babines d’avance. Je prépare mon thé. Mais le temps de faire chauffer l’eau, j’en ai déjà croqué un. C’est comme prévu, la croûte est frite et croustillante, et l’intérieur est mou mais bien consistant. Comme les pets de ma mémé! Et ça laisse les doigts tous gras. Comme les pets de ma mémé! Ça manque un peu de sucre, et d’un arôme mais je ne sais pas lequel. Peut-être que ma grand-mère ajoute un peu de vanille, ou du rhum. On a la rhumite aiguë dans la famille, on met du rhum partout et en quantité. En tous cas, les deux beignets sont avalés en moins de temps qu’il n’en faut à mon thé pour refroidir. Tout ça, ça me fait penser que moi aussi, un jour, il faut que j’apprenne le secret des fameux pets de Bonneuil.
